Bonjour à toutes et à tous,

Le blog de Michelet est resté quelque peu à l'abandon ces derniers jours, faute de temps.

Cependant sachez qu'il restera en activité temps qu'il y aura des informations à faire passer sur les difficultés que rencontre l'université.

Voici donc des nouvelles fraiches pour se rendre compte que, malgré tout ce qui se dit et cette période d'examens, le mouvement n'est pas terminé. Et pensez aussi que le blog reste un espace de dialogue, donc n'hésitez pas à laisser vos commentaires.

Pour commencer, prenez le temps de signer l'appel de Florence pour un enseignement de  l'histoire de l'art dans tous les pays de l'Union : http://www.apahau.org/

Bien à vous tous.

Appel de Florence


A l'occasion du colloque de Florence sur la didactique de l'histoire de l'art qui s'est tenu en vendredi et samedi 22-23 mai 2009, il a été décidé de lancer un "appel de Florence" pour sensibiliser les élites politiques, les futurs députés européens et l'opinion publique sur l'importance d'un enseignement d'histoire de l'art dans tous les pays de l'Europe, de l'école au lycée, pour mieux former les futurs citoyens européens.
Cet "appel de Florence" est mis en ligne dans différents pays de l'Union européenne pour lui assurer une large publicité et diffusion.

L'APAHAU, (Association des professeurs en Archéologie et Histoire de l'art des Universités) est une association loi 1901. Elle a pour but de créer un lien entre les enseignants-chercheurs en Archéologie et Histoire de l'Art des établissements de l’enseignement supérieur, de favoriser le développement des études dans ces domaines et d’aider à la diffusion des résultats de la recherche en France et à l’étranger. Elle publie une revue Histoire de l'art.

Un geste fort pour l’Europe : un enseignement de l’histoire de l’art dans tous les pays de l’Union. Chaque année, des millions de membres de l’Union européenne, ceux-là mêmes qui sont invités à voter le 7 juin, profitent du principe de libre circulation pour découvrir les paysages, les musées, les traces du passé et les œuvres d’art contemporain de leurs voisins européens. Comment faire de ce formidable mouvement, de ces multiples découvertes, en un capital européen, en une ressource pour l’édification de l’Europe ? En transformant, par un enseignement d’histoire de l’art à l’école, ce qui relève de la consommation en un processus d’acculturation, de prise de conscience d’un patrimoine commun, d’appropriation d’une histoire artistique vécue sous le signe de l’échange, depuis des millénaires, de Ségovie à Cracovie, d’Athènes à Édimbourg ou Copenhague, de Florence à Munich et à Budapest. Donner une dimension européenne à un tel enseignement d’histoire de l’art, qui n’existe à ce jour que dans quelques pays, l’instituer dans tous les pays d’Europe, ce serait, en associant les futurs citoyens d’Europe à leur propre histoire, donner un remarquable élan à une Europe de la culture. Alors que l’histoire de l’Europe a été faite pendant longtemps de conflits qui opposaient des peuples, de traités qui ont divisé arbitrairement un territoire, de langues imposées injustement, de dominations culturelles, alors que le fonctionnement de l’Union est vécu comme quelque chose de compliqué et de lointain, l’histoire des formes artistiques constitue pour l’Europe un continuel processus d’échanges, d’enrichissements mutuels à tout niveau de la création dans un espace commun, du modeste maçon de village (qui met en œuvre des savoirs et des références architecturales venant de différents pays), à Léonard de Vinci, Picasso et Ingmar Bergman. Ainsi, par l’apport des « Barbares », Rome put revivifier l’héritage artistique de la civilisation grecque ; dans l’Espagne des Omeyades se réalisa une brillante synthèse entre les cultures arabes et européennes, notamment dans l’architecture ; avant le premier conflit mondial, l’Art nouveau (également appelé selon les pays Jugendstil, Stile Liberty, Modern Style ou Modernismo) réunit, en dépit des tensions nationales et linguistiques, une communauté européenne des arts. Instituer un enseignement d’histoire de l’art à l’école dans tous les pays de l’Union permettrait à tous ses habitants de comprendre l’esprit de communauté artistique qui unit l’Europe depuis plus de trois millénaires. Les œuvres d’art, de la mosquée de Cordoue aux photos des châteaux d’eaux des Becher, étudiées dans leur dimension historique, sont la meilleure introduction aux religions, aux mouvement d’idées et aux civilisations qui ont forgé l’histoire du continent , et à la place artistique que peut tenir l’Europe dans la civilisation globale actuelle, alors que les formes artistiques empruntent de nouvelles voies et que les échanges s’accélèrent et se multiplient. Le langage des images, très présent dans les expressions les plus contemporaines, est commun à tous les citoyens de l’Union. Dans les 27 pays de l’Union, une formation d’au moins une heure hebdomadaire en histoire de l’art serait pour chaque jeune européen un moment précieux de rencontre avec la richesse artistique de sa cité, de son pays, de l’Europe, une incitation à la mobilité et à la découverte au sein du continent, d’intégration culturelle européenne dans le respect de l’histoire.. Du patrimoine industriel aux traditionnels beaux-arts, des vestiges archéologiques aux créations les plus contemporaines, cet enseignement serait naturellement ouvert : ouvert à toutes les composantes et populations qui forment l’Europe actuellement, et apte ainsi à mettre en confrontation les objets de la civilisation européenne avec les cultures du monde ; ouvert à l’avenir, en intégrant pleinement la création vivante. Un enseignement d’histoire de l’art, de l’école au lycée, dans tous les pays de l’Europe, est un geste que l’Union doit faire pour l’Europe, ses générations futures, la conscience de son avenir.

Signez l'appel ici : 

jeudi 23 avril 2009

Mercredi de Michelet-Projection du Comité Cinéma

Chers amis du comité cinéma,

nous avons le plaisir de vous annoncer la reprise de nos projections dans le cadre des mercredis de Michelet.
Nous entamons la rentrée avec une séance qui nous permettra de relancer les débats sur la mobilisation actuelle à travers une grève (victorieuse) de 1974, en présence d'anciens acteurs de cette grève dont Arlette Laguiller. Merci de diffuser largement cette information.



L'AUTRE FAÇON D'ETRE UNE BANQUE

cinélutte, 1974

MERCREDI 29 AVRIL A 18H30
GRAND AMPHI DE MICHELET


Début 1974, les salariés du Crédit Lyonnais se lancent en grève illimitée pour des améliorations de leurs conditions de travail. Le film retrace le déroulement de cette grève mémorable, met en évidence ses modes de fonctionnement, leur efficacité et leurs limites.
Dans notre période de luttes sociales accrues, la grève victorieuse des travailleurs du Crédit Lyonnais est plus que jamais un exemple.
Suite à la projection, nous aurons l'occasion de débattre avec d'anciens salariés du Crédit Lyonnais, acteurs de ce mouvement.


Michelet – Centre d'art et d'archéologie – 3 rue Michelet – RER Luxembourg ou Port Royal, métro Vavin ou Raspail


Comité cinéma Michelet

Du bruit pour la mobilisation!



T.A.Z. à Saint Charles
Concert lundi 27 Avril 2009 à 16h00 dans le Hall du Centre Saint Charles
47 rue des Bergers
75015 Paris

AG du Centre Michelet et Manifestation

La prochaine AG du centre Michelet se tiendra le Mardi 28 Avril à 12h00 dans le Grand Amphi.
Une manifestation "De la Maternelle à l'Université" partira à 14h le même jour. Lieu à préciser.

Réunion du Comité de Mobilisation de Michelet

La prochaine réunion du Comité de Mobilisation de Michelet aura lieu Vendredi 24 Avril à 15h30.
Elle aura pour objet de faire le point sur la CRP et la préparation du meeting interpro de jeudi, et de préparer la rentrée et l'AG du 28 Avril.
Cette réunion est ouverte à tous, venez nombreux!

La Ronde des Obstinés au Conseil d'État, Mardi 21 Avril 2009

Appel de la Coordination Nationale Étudiante de Besançon, 18-19 Avril 2009

Nous, étudiants en lutte depuis fin janvier et réunis en coordination nationale étudiante les 18 et 19 avril 2009, appelons à radicaliser la mobilisation et à l’étendre à tous les secteurs.
Face au mépris et aux attaques répétées du gouvernement cherchant à décrédibiliser et minimiser l’importance de notre mouvement, nous tenons à rappeler solennellement que nous nous battons contre le plan d’ensemble visant à casser tout service public et en premier lieu l’éducation et la santé.
Les réformes actuelles et futures du gouvernement vont à l’encontre des principes fondateurs de l’Université : LE SAVOIR N’EST PAS UNE MARCHANDISE, L’UNIVERSITE N’EST PAS UNE ENTREPRISE.

Le processus de Bologne et la stratégie de Lisbonne qui émanent directement des directives néo-libérales prônées par l’OMC et l’OCDE sont à l’origine des réformes que nous rejetons.

C’est pour cela que nous exigeons sans condition ni négociation :
- L'abrogation de la LRU, point central de nos revendications
- Le retrait du décret sur le statut des enseignants chercheurs
- Le retrait des décrets sur la « masterisation » des concours
- Le retrait du plan licence
- Le retrait du plan campus
- Le retrait du contrat doctoral unique
- Le retrait du projet de réforme du CROUS
- Le rejet de tout financement basé sur la performance ou tout autre critère marchand
- Le retrait de la réforme de l'allocation des moyens.

Ces réformes accentuent la concurrence entre les Universités et entre les individus, soumettent le contenu des enseignements aux besoins immédiats des entreprises, dégradent nos diplômes et donc nos conditions de futurs salariés.

Nous exigeons le retrait de ces réformes et décrets. A l'inverse de ces logiques nous nous battons pour :
- Des Universités publiques, laïques, gratuites et non sélectives
- Des diplômes cadrés nationalement de qualité reconnus par les conventions collectives
- Un véritable système d'aides sociales étudiant sur critères sociaux (sachant qu'un étudiant sur deux est contraint de se salarier pour pouvoir étudier)
- Une titularisation de tous les personnels précaires parmi les BIATOSS, CROUS, enseignants …
- Le recrutement massif et pluriannuel de personnels (enseignants, chercheurs, personnels administratifs)
- Un financement 100% public et à hauteur des besoins
- La suppression des accords passés avec le Vatican reconnaissant la validité de leurs diplômes
- Une carte d'étudiant = une carte de séjour valable un an après la fin des études
- La régularisation de tous les sans-papiers

La mission essentielle de l’Université est de tout faire pour la diffusion des savoirs et l’émancipation intellectuelle de tous.
Nous rappelons par ailleurs que la voix du mouvement étudiant s'exprime par le biais de la Coordination Nationale Étudiante ; les directions syndicales ne sont donc pas légitimes si elles prétendent négocier en notre nom, et ne sauraient s’y substituer. Pour cela nous appelons tous les étudiants réunis en assemblées générales légitimes à s’approprier ce moyen d’action majeur qu’est la CNE.

Le manque de personnel ne touche pas seulement l'enseignement supérieur, mais tout le système éducatif, de la maternelle à l'université (80 000 postes supprimés d'ici 2012 dans le primaire et le secondaire, 1 090 postes pour l'université en 2009) de même que les organismes de recherche comme le CNRS, et l'ensemble des services publics subissant ces réformes.
Nous construisons la lutte avec les lycéens, lésés et insatisfaits par le simple report de la réforme Darcos et tout autant concernés par les réformes de l’enseignement supérieur.

Malgré les manœuvres du gouvernement pour désamorcer la mobilisation, la grève se poursuit. Nous condamnons les fermetures administratives abusives, la répression policière et la présence des forces de l'ordre sur les campus, ainsi que le recours à des sociétés privées de sécurité. Ces dérives autoritaires qui visent à museler le mouvement au nom de prétextes sécuritaires fallacieux n'entameront pas notre détermination.
Nous appelons toutes les composantes de l’enseignement supérieur à l'arrêt total d'activité pour descendre dans la rue. Les mouvements interprofessionnels et les grèves générales menés par les populations d'Outre-Mer ne sont que les prémices de l’insurrection qui vient.
Nous appelons d'ores et déjà l'ensemble des étudiants mobilisés à participer aux manifestations interprofessionnelles du 1er mai et à l'issue de celles-ci, à mettre en place partout en France des Assemblées Générales de ville. Ces assemblées générales seront à même de construire une grande coordination nationale inter-luttes pour organiser la grève générale.
Jour après jour nous faisons face à une répression de plus en plus féroce. Cette répression n’a qu’un but, détruire notre mouvement.
Face au ridicule de la proposition du gouvernement qui veut interdire le droit des manifestants à se protéger à la fois des fichages et des gaz lacrymogènes en se couvrant la tête, nous appelons à un acte simple de désobéissance civile, notamment à l’occasion de la manifestation du 7 mai : se couvrir le visage par tous les moyens possibles. Pour cela laissez libre cours à votre imagination.
Nous appelons plus que jamais à construire un mouvement européen qui passera naturellement par la participation massive des étudiants au contre-sommet organisé à Louvain en opposition à la réunion des ministres chargés de l’enseignement supérieur qui se tiendra les 28 et 29 avril.

Nous appelons toujours au BLOCAGE TOTAL ET ILLIMITÉ de l’ensemble de l’enseignement supérieur et de la recherche. En particulier, nous appelons au blocage national de toutes les instances administratives et à l'occupation des présidences, suivant l'exemple des ouvriers occupant leurs usines et séquestrant leurs patrons, dans une logique de radicalisation du mouvement.

Notre mobilisation légitime ne s’essouffle pas. L’intérêt soudain de Pécresse pour notre réussite aux examens ne constitue qu’une instrumentalisation méprisable visant à nous faire céder et ne doit pas entraver notre lutte.

Tous dans la rue, participons à toutes les actions et à toutes les manifestations aussi bien locales que nationales. Nous ne négocierons pas, nous ne capitulerons pas.

La prochaine CNE se tiendra les 2 et 3 mai à Dijon.

Résistons !
Communiqué de Bertrand MONTHUBERT, Secrétaire national du Parti Socialiste à la Recherche et à l’Enseignement supérieur Décret sur le statut des enseignants-chercheurs : Le gouvernement joue la crise

Le nouveau décret relatif au statut des enseignants-chercheurs est examiné aujourd’hui en conseil des ministres, dans la perspective d’une promulgation probablement très rapide.

Le gouvernement aurait tort de croire qu’il pourrait mettre un terme au conflit « en sifflant la fin de la récréation », comme le tente très maladroitement la ministre la Recherche et de l’Enseignement supérieur. Celle-ci semble surtout pressée de lancer sa campagne régionale.

Le mépris vis-à-vis du monde de la Recherche et de l’université mobilisé depuis dix semaines est manifeste. Le chef de l’État et sa ministre refusent d’entendre les critiques qui montent de toutes parts. La rupture avec la communauté universitaire et scientifique se creuse au risque d’une radicalisation du conflit dont le pouvoir serait le premier responsable.

Le Parti socialiste réclame une autre politique de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, respectueuse des principes d’indépendance et de dynamisme essentiels pour l’avenir de notre société. Les socialistes préconisent entre autres, le développement de l’emploi scientifique, l’autonomie nécessaire aux universitaires et chercheurs, le remplacement de la loi LRU de 2007 et de la loi sur la recherche de 2005.

L’autosatisfaction affichée encore ce matin par le Premier ministre est totalement décalée au regard de la réalité du mouvement social engagé et surtout des enjeux de la Recherche et de l’Enseignement supérieur.

Moderniser l’université, c’est aussi défendre un idéal, par la Conférence des Présidents d’Université-Le Monde, Mercredi 22 Avril 2009

Un mouvement national de protestation s’exprime dans les universités françaises depuis plusieurs semaines. Ce mouvement est consécutif à des projets de réformes empilées, lancées le plus souvent dans la précipitation, et sans dialogue préalable suffisamment large. Protestation à laquelle s’est ajoutée l’incompréhension de la communauté devant des suppressions de postes et la mise en cause des organismes de recherche. Il en a résulté de vives réactions avec colère et désarroi de la communauté universitaire, même si ses analyses étaient parfois contradictoires.

Certaines inquiétudes et contestations sont légitimes, tout comme est nécessaire la modernisation de notre enseignement supérieur. L’ampleur du mouvement a permis l’ouverture de négociations qui ont abouti à un retrait de fait des textes incriminés, au rétablissement des moyens correspondant aux postes supprimés, ainsi qu’à l’engagement de ne pas en supprimer d’autres ; des négociations sont encore en cours ou programmées, en particulier sur la formation des maîtres, sur la recherche et sur le système d’allocation des moyens. Ces négociations doivent être absolument engagées par les ministères concernés avec toutes les parties.

La nouvelle crise que traversent les universités françaises n’a que trop duré, car sa prolongation nuit gravement à leur image, à leur réputation et à leur attractivité. Cette crise qui perdure empêche une partie d’entre elles de remplir leurs missions fondamentales, notamment au bénéfice des étudiants les plus démunis, et ne peut que décevoir tous ceux qui, se fondant sur la réputation internationale de nos établissements, ont fait le pari d’y venir du monde entier.

A la déstabilisation de nos établissements, s’ajoutent désormais des modes d’action qui sont aux antipodes des valeurs universitaires de dialogue et de respect : agressions physiques et verbales contre des responsables et des personnels universitaires, annonces fracassantes de délivrance complaisante de diplômes, entraves au droit d’étudier librement, harcèlement systématique des instances délibératives et décisionnelles dans les établissements, détérioration des locaux. Nous ne pouvons pas accepter que s’installe une telle violence dans des lieux qui ne vivent que par la liberté et la tolérance intellectuelles. Non, ce n’est pas ainsi que nous concevons nos universités. Si de nouvelles avancées peuvent être obtenues par la mobilisation, il est impératif que d’autres formes d’action lui succèdent.

Les signataires de ce texte partagent tous l’idée que les universités constituent une chance pour la nation. Comme toutes les universités européennes, nos établissements seront autonomes, ils définiront de manière collégiale leur projet au service du savoir, des usagers et des territoires. Nous ne pouvons imaginer que le fonctionnement démocratique de nos universités soit mis au seul service des ordres d’un ministère ou de quelque instance nationale que ce soit. Nous sommes favorables à l’autonomie d’établissements publics, assurant un service public, une véritable autonomie d’hommes et de femmes libres et responsables, réunis autour d’un projet et assumant leurs choix dans des conseils élus. Nous restons également attachés à un Etat régulateur qui assure, mieux qu’il ne l’a fait jusqu’à présent, l’égalité sur tout le territoire entre les citoyens, et entre les fonctionnaires.

L’université est une chance pour les étudiants et salariés qui y trouvent une culture et une formation ouverte et pluridisciplinaire, une chance pour tous ceux à qui elle permet, surtout en cette période de crise économique, financière et sociale, d’obtenir un diplôme et une bonne préparation à l’insertion professionnelle.

L’université est une chance pour le développement des savoirs fondamentaux, de la recherche et de l’innovation, une chance pour notre rayonnement international, pour notre pays et l’équilibre de nos territoires. L’université a une tradition d’impertinence et de bouillonnement critique, et elle est aussi et d’abord lieu de créativité intellectuelle et d’humanisme.

Cette chance doit être préservée car elle est notre bien commun.

Nous ne ferons pas progresser l’université dans la cacophonie institutionnelle et dans la confusion politique. Nous ne moderniserons pas l’université en affaiblissant les valeurs qui la fondent. Nous ne sauverons pas l’université en détruisant sa crédibilité auprès de tous ceux qui ont foi en elle et qui comptent sur elle. Nous ne renforcerons pas l’université en en faisant le champ clos de conflits politiques et sociaux qui, pour réels qu’ils soient, lui sont en partie extérieurs.

Nous demandons donc solennellement que tous ceux qui sont attachés aux instances universitaires élues et représentatives en garantissent le fonctionnement démocratique. Nous demandons que soit respecté le droit d’étudier et de travailler dans les universités et qu’au plus vite, les enseignements puissent reprendre et être réorganisés partout où ils sont ou ont été perturbés. De même, nous demandons que des solutions adaptées permettent qu’une validation claire garantisse la qualité des diplômes délivrés. Nous demandons enfin que l’emporte de part et d’autre, au niveau national comme au niveau local, la volonté de négociation et de compromis dans le respect des personnes et des personnels, des institutions et des étudiants.

Nous formulons aussi le voeu pressant que soient maintenant trouvés un autre rythme et d’autres modalités pour les réformes à venir. L’enseignement supérieur a considérablement évolué pendant ces quarante dernières années et continuera à le faire, au rythme de la société et parfois en la précédant, sans qu’il soit besoin de réformes précipitées.

Car il faut surtout maintenant convaincre les pouvoirs publics et la société tout entière d’investir plus massivement dans les universités : cette idée fait son chemin, mais ce n’est pas un acquis irréversible, et il faut que nous sachions maintenir et renforcer la confiance dans les établissements qui assument la plus grande part des missions d’enseignement supérieur et de recherche de notre pays.

Nous voulons en somme que nos universités puissent se consacrer à ce pourquoi elles sont conçues et financées, ce pourquoi nous avons choisi d’y travailler : la formation et l’insertion réussies de diplômés hautement qualifiés, la recherche de pointe et l’innovation sociale et technologique, la construction du futur et le rayonnement international de nos régions et de notre pays.

L’université est une chance... Préservons-la !

Lionel Collet, président de la CPU,
Simone Bonnafous, université Paris-XII-Val-de-Marne/vice-présidente de la CPU,
Jacques Fontanille, université de Limoges/vice-président de la CPU.
Membres du conseil d’administration de la CPU :

Yvon Berland, université Aix-Marseille-II - Méditerranée,
Khaled Bouabdallah, université de Saint-Etienne-Jean Monnet,
Alain Brillard, université de Mulhouse-Haute-Alsace,
Gilbert Casamatta, Institut national polytechnique de Toulouse,
Philippe Dulbecco, université Clermont-Ferrand-I - université d’Auvergne,
Daniel Filâtre, université Toulouse-II-Le Mirail,
Jean-Pierre Finance, université Nancy-I - Henri-Poincaré,
Camille Galap, université du Havre,
Jean-Pierre Gesson, université de Poitiers,
Axel Kahn, université Paris-Descartes,
Yves Lecointe, université de Nantes,
Eric Martin, université de Bretagne-Sud - Lorient - Vannes,
Jean-Loup Salzmann, université Paris-Nord,
Louis Vogel, université Paris-II - Panthéon-Assas.

"Interdiction politique" d’un cours hors les murs au Museum National d'Histoire Naturelle. Témoignage

*Je suis inquiet, très, très inquiet...*

Vendredi dernier, à titre de solidarité avec mes collègues enseignants de l’Université de Paris 8 engagés, en tant que titulaires et chercheurs de l’Education Nationale, dans une opposition difficile à Valérie Pécresse, j’ai décidé de tenir mon cours sur la biodiversité et l’origine de la protection des espèces et des espaces, que je donne habituellement dans les locaux du département de Géographie (où j’enseigne depuis 20 ans), dans l’espace du Jardin des Plantes (Muséum National d’Histoire Naturelle), là où fut inventée la protection de la nature. Une façon, avec ce « cours hors les murs », de faire découvrir ces lieux aux étudiants et d’être solidaire avec la grogne actuelle mais sans les pénaliser avant leur s partiels.

Mardi, arrivé à 14 h 30, avant les étudiants, j’ai eu la surprise de me voir interpeller dés l’entrée franchie par le chef du service de sécurité tout en constatant que les deux portes du 36 rue Geoffroy Saint Hilaire était gardées par des vigiles...

« Monsieur Vadrot ? ».
euh...oui
Je suis chargé de vous signifier que l’accès du Jardin des Plantes vous est interdit
Pourquoi ?
Je n’ai pas à vous donner d’explication....
Pouvez vous me remettre un papier me signifiant cette interdiction ?
Non, les manifestations sont interdites dans le Muséum
Il ne s’agit pas d’une manifestation, mais d’un cours en plein air, sans la moindre pancarte...
C’est non....
Les étudiants, qui se baladent déjà dans le jardin, reviennent vers l’entrée, le lieu du rendez vous. Le cours se fait donc, pendant une heure et demie, dans la rue, devant l’entrée du Muséum. Un cours qui porte sur l’histoire du Muséum, l’histoire de la protection de la nature, sur Buffon. A la fin du cours, je demande à nouveau à entrer pour effectuer une visite commentée du jardin. Nouveau refus, seuls les étudiants peuvent entrer, pas leur enseignant. Ils entrent et, je décide de tenter ma chance par une autre grille, rue de Buffon. Où je retrouve des membres du service de sécurité qui, possédant manifestement mon signalement, comme les premiers, m’interdisent à nouveau l’entrée.

Evidemment, je finis pas le fâcher et exige, sous peine de bousculer les vigiles, la présence du Directeur de la surveillance du Jardin des Plantes. Comme le scandale menace il finit par arriver. D’abord parfaitement méprisant, il finit pas me réciter mon CV et le contenu de mon blog. Cela commencer à ressembler à un procès politique, avec descriptions de mes opinions, faits et gestes. D’autres enseignants du département de Géographie, dont le Directeur Olivier Archambeau, président du Club des Explorateurs, Alain Bué et Christian Weiss, insistent et menacent d’un scandale.

Le directeur de la Surveillance, qui me dit agir au nom du Directeur du Muséum (où je pensais être honorablement connu), commençant sans doute à discerner le ridicule de sa situation, finit par nous faire une proposition incroyable, du genre de celle que j’ai pu entendre autrefois, comme journaliste, en Union soviétique :

Ecoutez, si vous me promettez de ne pas parler de politique à vos étudiants et aux autres professeurs, je vous laisse entrer et rejoindre les étudiants...
Je promets et évidemment ne tiendrai pas cette promesse, tant le propos est absurde.

J’entre donc avec l’horrible certitude que, d’ordre du directeur et probablement du ministère de l’Education Nationale, je viens de faire l’objet d’une « interdiction politique ». Pour la première fois de mon existence, en France.

Je n’ai réalisé que plus tard, après la fin de la visite se terminant au labyrinthe du Jardin des Plantes, à quel point cet incident était extra-ordinaire et révélateur d’un glissement angoissant de notre société. Rétrospectivement, j’ai eu peur, très peur...

CM Vadrot

Communiqué de SLU, 22 avril 2009

ASSEZ DES MENSONGES D’ÉTAT !
Après le mépris de Nicolas Sarkozy, celui de Valérie Pécresse puis de François Fillon

Les faits sont têtus, et il ne suffit pas d’une communication fondée sur le mensonge pour les modifier ; c’est pourtant ce que tentent Valérie Pécresse et François Fillon ces jours-ci, pour habiller d’effets de manche ce qui n’est rien d’autre qu’un passage en force et une véritable provocation. Non, le mouvement des universitaires n’est pas minoritaire. Non, le décret sur le statut des enseignants-chercheurs ne leur confère pas davantage de liberté ; non, la « mastérisation » ne permet pas d’élever le niveau de recrutement des enseignants ; non, les moyens accordés aux universités ne sont pas, dans la plupart des cas, en augmentation.

Valérie Pécresse a envoyé le vendredi 17 avril une lettre à la CPU qui laisse pantois tout lecteur quelque peu informé. Son intervention au Talk du Figaro mardi 21 avril est du même acabit, de même que l’intervention de François Fillon sur France Inter le matin du mercredi 22 avril.

Dans quel univers vivent-ils donc, où les mots n’ont plus le sens qu’on croyait pouvoir raisonnablement leur donner ? Le « profond respect » que Monsieur Fillon professe pour les enseignants-chercheurs n’est pas loin des « preuves d’amour » que Madame Pécresse prétend leur donner encore et toujours. Un tel « respect » qui considère que les enseignants-chercheurs sont incapables de comprendre le texte d’un décret qui les concerne s’appelle du mépris Mais ce n’est pas sur le terrain des sentiments que nous les attendons : c’est sur celui des faits. Or, ces faits sont têtus : 1/ la concertation dont se prévaut la ministre est une mascarade ; 2/ l’ensemble de l’argumentation gouvernementale relève du pur et simple mensonge. Cela fait 11 semaines que cela dure. Ça suffit !

2 représentants des syndicats sur 35 ont approuvé le nouveau décret sur les statuts

Valérie Pécresse nous a elle-même obligés à déclencher le plus long mouvement social de l’université française depuis des décennies (près de trois mois de grève bientôt pour nombre de collègues et d’universités). Son autosatisfaction prêterait à sourire si les problèmes n’étaient extrêmement sérieux. De plan de communication en « concertations » (consistant à laisser parler ses interlocuteurs sans tenir compte de ce qu’ils disent), Madame la Ministre s’est en fait montrée incapable d’instaurer le moindre dialogue avec la grande majorité de la communauté universitaire. La disparition complète de la soi-disant mission de médiation confiée à Mme Bazy-Malaurie, pourtant annoncée avec tambours et trompettes début février, l’indiquait déjà.

Le projet de décret relatif au statut des enseignants-chercheurs n’est en rien « parfaitement conforme aux aspirations des universitaires » comme l’affirmait encore, sans plaisanter, François Fillon ce matin.

Faut-il rappeler que plusieurs dizaines de Conseils d’administration et de conseils scientifiques d’universités françaises ont voté des motions demandant le retrait de ce projet en l’état ? Faut-il rappeler une fois encore les déclarations sans ambiguïtés de l’ensemble des sociétés savantes allant dans le même sens ? Faut-il rappeler que les syndicats de l’enseignement supérieur ont refusé massivement le projet ? Ainsi, dans les deux organisations paritaires CTPU et CSFPE, Valérie Pécresse n’a recueilli que de maigres fruits « de la réécriture de ce décret en concertation avec les organisations syndicales » (Talk Figaro, 21 avril 2009) : elle n’a trouvé que 2 représentants syndicaux sur les 35 que comptent les deux instances pour approuver son projet de décret [1].

Il n’y a eu en réalité qu’une concertation choisie, avec des interlocuteurs qui étaient susceptibles d’accepter in fine les projets ministériels. Mme Pécresse le sait. Nous le savons. Qu’elle cesse de mentir. Sur ce point comme sur les autres.

L’accumulation de mensonges ne fait pas une vérité

L’image trompeuse que le gouvernement veut donner à l’opinion est la suivante : un mouvement serait né parce qu’un projet de décret aurait été « mal compris » (F. Fillon sur France Inter) – par des gens dont le métier est pourtant précisément de bien comprendre des phénomènes complexes. Depuis, ce « décret a été réécrit intégralement ». Il « préserve totalement la liberté des enseignants-chercheurs » et ferait du métier d’enseignant-chercheur « un métier revalorisé », y compris financièrement puisque « les salaires de début de carrière augmenteront jusqu’à 25% » (rappelons que cette revalorisation est totalement indépendante de la modification du statut des enseignants-chercheurs : elle fait d’ailleurs l’objet d’un décret distinct, adopté ce matin en Conseil des Ministres). Il serait donc « parfaitement conforme aux aspirations des universitaires », ce que la « CPU a d’ailleurs confirmé » au chef du gouvernement pas plus tard qu’hier. Aujourd’hui, le « mouvement est très minoritaire » - même si François Fillon reconnaît plus d’une vingtaine d’universités affectées par le mouvement, ce qui est un progrès par rapport aux propos de sa ministre qui il y a un mois n’en avouait qu’une douzaine… - et donnerait lieu à des débordements inacceptables. Mais où sont donc ces nombreux « débordements » ? Il y en a eu certes ici et là mais ce qui est surtout étonnant, c’est qu’un mouvement si long et si mal compris de ses interlocuteurs ministériels n’ait pas donné lieu à de plus nombreux dérapages. Une fois de plus, il faut le constater : le sens des responsabilités et la sérénité ont été de notre côté beaucoup plus que de celui de nos adversaires. Enfin, pour F. Fillon, « il est [donc] temps que ce mouvement s’arrête. »

De telles affirmations constituent une injure à une communauté qui est particulièrement bien placée pour savoir qu’il ne suffit pas d’affirmer des faits pour que ceux-ci soient établis. Les « résultats » que Valérie Pécresse et François Fillon se targuent de façon grotesque d’avoir obtenus sont pourtant loin de nous « rassurer » : les prétendues « concessions » gouvernementales n’ont en rien altéré la logique des réformes en cours. La remise en cause radicale du statut des enseignants-chercheurs mettra fin à leur indépendance et à leur égalité (voir à ce sujet l’analyse du collectif des juristes Défense de l’Université ), le nouveau statut est inacceptable sans fixation d’une référence chiffrée précise à un maximum d’heures d’enseignement et sans remise en cause de toute modulation de service à la hausse. En outre, ce décret n’est pas la seule raison de notre colère. La destruction de la formation disciplinaire et professionnelle des futurs collègues du premier et du second degré est toujours à l’ordre du jour (elle n’est que repoussée, et encore partiellement, d’un an), avec à la clé, une précarisation de masse dans l’ensemble de l’enseignement public.

La série de mensonges accumulés par le gouvernement met gravement en jeu l’autorité de la parole de l’État, et l’attitude du gouvernement sur ces dossiers dénote un autoritarisme forcené bien contraire à la prétendue « autonomie » dont bénéficieraient les universités. Ainsi, Mme Pécresse fait passer au Conseil d’Etat puis au Conseil des Ministres le décret statutaire en pleine période de vacances universitaires (craint-elle à ce point la réaction d’une « minorité » d’universitaires ?). Elle fait fi des prérogatives de l’AERES pour confier directement aux services du ministère l’évaluation des quelques maquettes « métiers de l’enseignement », suite au refus par l’AERES d’évaluer la campagne actuelle . Elle ignore l’assemblée plénière de la CPU qui a pourtant reconnu le caractère inapplicable de la mastérisation en l’état et exigé une prise de position urgente du gouvernement concernant la préparation aux concours pour 2009-2010. Autrement dit : quand même des instances inféodées au gouvernement sont saisies de doute, on les contourne.

En simplifiant les choses jusqu’à la caricature et au mensonge, en faisant mine subitement de s’intéresser aux étudiants les plus fragiles socialement alors même qu’une proposition de loi vise à instituer un prêt étudiant qui irait de pair avec une augmentation considérable des droits d’inscription, en annonçant de façon aussi tonitruante qu’irréaliste que le ministère « vérifiera que les cours ont été rattrapés », le gouvernement fait également preuve d’un populisme irresponsable.

Dès lors, parfaitement conscients des enjeux pour l’université française et ses étudiants, nous pensons donc au contraire que le temps n’est pas venu de « reprendre une activité normale ». La coupe est désormais plus que pleine. Le mouvement du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche n’est ni mal comprenant, ni minoritaire, ni près de s’arrêter : nous le prouverons dans les jours qui viennent.

22 avril 2009
Notes
[1] - au CTPU du 24 mars 2009 : Favorable au texte : 17 (soit 15 administration, 2 AutonomeSup) ; Abstention : 5 (UNSA, SGEN) ; Ont quitté la réunion : 8 (SNESUP, FO)

au Conseil supérieur de la Fonction Publique d’État (CSFPE) du 9 avril 2009 : Pour l’adoption : 20 (administration) ; Contre : 11 (CGT, FO, Solidaires, FSU) ; Abstentions : 9 (CFDT, CFTC, CGC, UNSA)

Le gouvernement ne recule devant rien. Surtout pas devant la laïcité.

Dès le mois de Janvier 2009, il avait été question d’un accord France-Vatican : “Selon cet accord, les diplômes délivrés par les instituts catholiques contrôlés par le Vatican seront reconnus en France au même titre que les diplômes délivrés par les universités publiques. Non seulement cet accord porte sur les diplômes canoniques, ce qui peut se concevoir mais mériterait discussion, puisque les diplômes canoniques font partie du champ initial des instituts catholiques, mais aussi sur les formations profanes, ce qui est proprement inacceptable.” Remember l’instituteur et le curé …

Cet accord avait été très vigoureusement dénoncé comme portant atteinte à la laïcité, notamment par la CPU dans sa lettre à Nicolas Sarkozy du 6 Janvier, ainsi que par la 3ème coordination nationale des universités.

Aujourd’hui, cet accord a finalement été adopté, et pas seulement pour les disciplines “canoniques” ! Ce décret n’est pas seulement une honte c’est un scandale gravissime qui revient sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat et sur la laïcité.
Sa logique est liée au traité européen qui reconnaît le vatican comme un état et qui permet de considérer les diplômes décernés par ses universités comme des diplômes d”Etat. Une petite porte ouverte par laquelle on fait sortir la laïcité… L’accord avec le Vatican aurait du faire l’objet d’un débat parlementaire et aurait du être présenté devant le conseil constitutionnel. C’est inacceptable
cf. http://www.legifrance.gouv.fr

Décret du 16 avril 2009 sur la reconnaissance des grades et diplômes de l’enseignement supérieur catholique.

JORF n°0092 du 19 avril 2009 page 6746 texte n° 10

DECRET
Décret n° 2009-427 du 16 avril 2009 portant publication de l’accord entre la République française et le Saint-Siège sur la reconnaissance des grades et diplômes dans l’enseignement supérieur (ensemble un protocole additionnel d’application), signé à Paris le 18 décembre 2008 (1)
NOR: MAEJ0903904D
Le Président de la République,
Sur le rapport du Premier ministre et du ministre des affaires étrangères et européennes,
Vu les articles 52 à 55 de la Constitution ;
Vu le décret n° 53-192 du 14 mars 1953 modifié relatif à la ratification et à la publication des engagements internationaux souscrits par la France ;
Vu le décret n° 2000-941 du 18 septembre 2000 portant publication de la convention sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur dans la région européenne, faite à Lisbonne le 11 avril 1997,
Décrète :
Article 1
L’accord entre la République française et le Saint-Siège sur la reconnaissance des grades et diplômes dans l’enseignement supérieur (ensemble un protocole additionnel d’application), signé à Paris le 18 décembre 2008, sera publié au Journal officiel de la République française.
Article 2
Le Premier ministre et le ministre des affaires étrangères et européennes sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

Annexe
A C C O R D
ENTRE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE ET LE SAINT-SIÈGE SUR LA RECONNAISSANCE DES GRADES ET DIPLÔMES DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, ENSEMBLE UN PROTOCOLE ADDITIONNEL D’APPLICATION, SIGNÉ À PARIS LE 18 DÉCEMBRE 2008
La République française, d’une part,
et
Le Saint-Siège, d’autre part,
ci-après dénommés « les Parties »,
Considérant la Convention sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur dans la région européenne, signée à Lisbonne le 11 avril 1997 et ratifiée par les deux Autorités ;
Réaffirmant leur engagement, dans le cadre du « processus de Bologne », de participer pleinement à la construction de l’espace européen de l’enseignement supérieur en améliorant la lisibilité des grades et des diplômes d’enseignement supérieur délivrés par les établissements habilités à cet effet sont convenus de ce qui suit :

Article 1er
Objet de l’accord
Le présent accord, selon les modalités énoncées dans son protocole additionnel, a pour objet :
1. la reconnaissance mutuelle des périodes d’études, des grades et des diplômes de l’enseignement supérieur délivrés sous l’autorité compétente de l’une des Parties, pour la poursuite d’études dans le grade de même niveau ou dans un grade de niveau supérieur dans les établissements dispensant un enseignement supérieur de l’autre Partie, tels que définis à l’article 2 du présent accord ;
2. la lisibilité des grades et des diplômes de l’enseignement supérieur délivrés sous l’autorité compétente de l’une des Parties par une autorité compétente de l’autre Partie.

Article 2
Champ d’application
Le présent accord s’applique :
Pour l’enseignement supérieur français : aux grades et diplômes délivrés sous l’autorité de l’Etat par les établissements d’enseignement supérieur.
Pour les Universités catholiques, les Facultés ecclésiastiques et les établissements d’enseignement supérieur dûment habilités par le Saint-Siège : aux grades et diplômes qu’ils délivrent dans les disciplines énumérées dans le protocole additionnel. Une liste des institutions ainsi que des grades et diplômes concernés sera élaborée par la Congrégation pour l’Education catholique, régulièrement tenue à jour et communiquée aux Autorités françaises.

Article 3
Entrée en vigueur
Le présent accord entre en vigueur le premier jour du deuxième mois suivant la date de la dernière notification des parties s’informant mutuellement de l’accomplissement des procédures internes requises pour son entrée en vigueur.

Article 4
Modalités de mise en œuvre
Un protocole additionnel joint au présent accord et faisant partie intégrante de ce dernier, prévoit les modalités d’application des principes contenus au présent accord. Ce document pourra être précisé ou modifié par les autorités compétentes désignées par les deux Parties, sous la forme d’un échange de lettres.

Article 5
Résolution des différends
En cas de différend concernant l’interprétation ou l’application du présent accord et de son protocole additionnel, les services compétents des deux Parties se consultent en vue de régler le différend par voie de négociation amiable.

Article 6
Durée de l’accord
Le présent accord est conclu pour une durée indéterminée. Il peut être dénoncé par chacune des Parties et cette décision entrera en application trois mois après cette notification officielle.
En foi de quoi, les soussignés, dûment habilités à cet effet, ont signé le présent accord.
Fait à Paris, le jeudi 18 décembre 2008, en double exemplaire, en langue française.

Pour la République française :
Bernard Kouchner Ministre des Affaires étrangères et européennes
Pour le Saint-Siège :
Mgr Dominique Mamberti Secrétaire pour les Relations avec les Etats

PROTOCOLE ADDITIONNEL À L’ACCORD ENTRE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE ET LE SAINT-SIÈGE SUR LA RECONNAISSANCE DES GRADES ET DIPLÔMES DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Conformément à l’article 4 de l’accord entre la République française et le Saint-Siège sur la reconnaissance des grades et diplômes dans l’enseignement supérieur, signé à Paris le 18 décembre 2008, les deux Parties sont convenues d’appliquer les principes contenus dans l’accord selon les modalités qui suivent :

Article 1er
Champ d’application du protocole additionnel
Le présent protocole s’applique :
Pour l’enseignement supérieur français : aux grades et diplômes délivrés sous l’autorité de l’Etat par les établissements d’enseignement supérieur autorisés.
Pour les universités catholiques, les facultés ecclésiastiques et les établissements d’enseignement supérieur dûment habilités par le Saint-Siège : aux grades et diplômes qu’ils délivrent dans les disciplines énumérées à l’article 2 du protocole additionnel. Une liste des institutions ainsi que des diplômes concernés sera élaborée par la Congrégation pour l’Education catholique, régulièrement tenue à jour et communiquée aux autorités françaises.
Article 2
Information sur les grades et diplômes
Pour l’enseignement supérieur français : les grades fixent les principaux niveaux de référence de l’Espace européen de l’enseignement supérieur.
Ils sont au nombre de quatre : le baccalauréat comme condition d’accès aux diplômes de l’enseignement supérieur ; la licence (180 crédits européens ECTS sur la base de 60 crédits ECTS par an) ; le master (300 crédits européens ECTS sur la base de 60 crédits ECTS par an) ; le doctorat.
Le grade est conféré par un diplôme délivré sous l’autorité de l’Etat et porteur de la spécialité.
Pour les universités catholiques, les facultés ecclésiastiques et les établissements d’enseignement supérieur dûment habilités par le Saint-Siège :
― diplômes délivrés par les universités catholiques et les établissements d’enseignement supérieur dûment habilités par le Saint-Siège ;
― diplômes ecclésiastiques directement délivrés par les facultés ecclésiastiques sous l’autorité du Saint-Siège.
Article 3
Reconnaissance des diplômes conférant un grade et entrant dans le champ d’application
Pour l’application du présent protocole, le terme « reconnaissance » signifie qu’un diplôme obtenu dans l’une des Parties est déclaré de même niveau pour produire les effets prévus par l’Accord.
Sur requête préalable des intéressés, sont reconnus de même niveau :
a) Le doctorat français et les diplômes ecclésiastiques de doctorat ;
b) Les diplômes français de master (300 crédits ECTS) et les diplômes ecclésiastiques de licence ;
c) Le diplôme français de licence (180 ECTS) et les diplômes ecclésiastiques de baccalauréat.
Les autorités compétentes pour la reconnaissance des diplômes sont :
― pour la lisibilité des grades et diplômes de l’enseignement supérieur délivrés sous l’autorité compétente de l’une des Parties :
― en France : le Centre national de reconnaissance académique et de reconnaissance professionnelle ― Centre ENIC-NARIC France près le Centre international d’études pédagogiques (CIEP) ;
― auprès du Saint-Siège : le bureau du Saint-Siège pour les reconnaissances académiques, qui se trouve auprès de la Nonciature en France.
― pour la poursuite d’études :
― dans les établissements d’enseignement supérieur français : l’établissement d’enseignement supérieur dans lequel souhaite s’inscrire l’étudiant ;
― dans les universités catholiques, les facultés ecclésiastiques et les établissements d’enseignement supérieur dûment habilités par le Saint-Siège : le bureau du Saint-Siège pour les reconnaissances académiques, qui se trouve auprès de la Nonciature en France.

Article 4
Reconnaissance des périodes d’études et des diplômes ne conférant pas un grade
1. Les études et les établissements où elles sont poursuivies doivent correspondre aux conditions prévues à l’article 1er du présent protocole.
2. Sur demande préalable des intéressés, les examens ou périodes partielles d’études validées dans des établissements dispensant un enseignement supérieur donnant lieu à la délivrance d’un diplôme reconnu dans l’une des Parties sont pris en compte, notamment sur la base du système de crédits européens ECTS, pour la poursuite d’études au sein des établissements dispensant un enseignement supérieur reconnu dans l’autre Partie.
3. L’autorité compétente pour la reconnaissance des périodes d’études est :
― dans les établissements d’enseignement supérieur français : l’établissement d’enseignement supérieur au sein duquel le demandeur souhaite poursuivre ses études ;
― dans les universités catholiques, les facultés ecclésiastiques et les établissements d’enseignement supérieur dûment habilités par le Saint-Siège : en accord avec la Congrégation pour l’éducation catholique, le bureau du Saint-Siège pour les reconnaissances académiques, qui se trouve auprès de la Nonciature en France.
Article 5
Suivi du présent protocole
Les services compétents des deux Parties se réunissent en tant que de besoin pour l’application du présent protocole.
Les services chargés de l’information sur les diplômes délivrés dans chacune des deux Parties sont :
― pour la France : le centre ENIC-NARIC France ;
― pour le Saint-Siège : en accord avec la Congrégation pour l’éducation catholique, le bureau du Saint-Siège pour les reconnaissances académiques, qui se trouve auprès de la Nonciature en France.

Fait à Paris, le 16 avril 2009.

Nicolas Sarkozy
Par le Président de la République :
Le Premier ministre,
François Fillon
Le ministre des affaires étrangères et européennes,
Bernard Kouchner
(1) Le présent accord est entré en vigueur le 1er mars 2009.

Compte-rendu de l'Élysée suite à la présentation du décret sur le statut des enseignants-chercheurs au Conseil des Ministres, le Mercredi 22 Avril

Compte-rendu :

“La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche a présenté :
- Un décret modifiant le décret du 6 juin 1984 fixant les dispositions statutaires communes applicables aux enseignants-chercheurs et portant statut particulier du corps des professeurs des universités et du corps des maîtres de conférences et portant diverses dispositions relatives aux enseignants-chercheurs.
- Un décret relatif aux règles de classement des personnes nommées dans les corps d’enseignants-chercheurs des établissements publics d’enseignement supérieur et de recherche relevant du ministre chargé de l’enseignement supérieur.
- Un décret modifiant le décret du 16 janvier 1992 relatif au Conseil national des universités.

1. Le nouveau décret statutaire fait suite à une concertation approfondie. Il permet d’assouplir et de moderniser le fonctionnement de l’université, dans le double intérêt du service public et des universitaires, tout en consacrant les garanties reconnues aux enseignants-chercheurs. Le décret réaffirme ainsi la double mission d’enseignement et de recherche des universitaires, ainsi que les principes d’indépendance et de libre expression nécessaires à l’exercice de ces missions.
Dans le même temps, il offre la possibilité d’une modulation de la répartition du service de l’universitaire entre les différentes activités. Cette possibilité nouvelle, permettant de mieux prendre en compte les compétences et talents, donne une souplesse qui doit permettre de concilier projet collectif et projet individuel. Les décisions seront prises avec l’accord de l’intéressé et après avis motivé des directeurs de l’unité de recherche et de la composante de rattachement.
Par ailleurs, l’effort fait pour définir les tâches susceptibles d’être assumées par les enseignants-chercheurs (notamment dans le domaine de l’expertise et de l’insertion professionnelle) permettra une meilleure reconnaissance de la diversité de leurs activités.
En outre, le décret accélère les carrières des enseignants-chercheurs et, dans un souci d’efficacité, déconcentre les actes de gestion.

Il apporte également des garanties en termes de transparence :
- transparence des critères retenus pour les promotions, fondées sur une évaluation nationale réalisée par des experts de la discipline ;
- transparence de la politique indemnitaire, elle aussi mise en oeuvre sur la base de cette évaluation.

2. Le décret qui régit le Conseil national des universités (CNU) a été complété dans le même esprit d’efficacité, d’impartialité et de transparence. Il ajoute aux missions du CNU l’évaluation régulière, tous les quatre ans, de tous les enseignants-chercheurs. Il accroît les garanties présentées par cette institution, en termes de déontologie et d’impartialité.

3. Le troisième décret réforme les modalités du classement à l’entrée dans les corps des maîtres de conférences et des professeurs. Il améliore de façon significative la prise en compte, lors de ce classement, des activités antérieures au recrutement. Sont ainsi retenues, selon des modalités adaptées aux différentes situations, les recherches effectuées aussi bien pour préparer le doctorat qu’après son obtention. Au total, la rémunération des jeunes maîtres de conférences sera augmentée de 12 à 25 % dès septembre 2009, afin d’accroître l’attractivité de leurs fonctions.

François Fillon-France Inter-Mercredi 22 Avril



Nous sommes dans une autre dimension apparemment...

Valérie Pécresse-Le Figaro-Le Talk, le 21/04/09

Quelques citations de notre ministre de l'Enseignement supérieur :
"Par le dialogue on peut obtenir des résultats..."
"La bonne voix quand on est pas d'accord avec le gouvernement, c'est pas de bloquer une université, c'est de dialoguer avec le ministre."

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